lundi 22 novembre 2010

Omaha Beach

 Ce 6 juin 1944, leurs coques de noix métalliques se sont ouvertes sur ces plages, face à ces falaises. Des voix directives leur ont clamé un GO sans équivoque. Alors, ils se sont éjectés, certainement dans un cri d'assaut solidaire, pour vaincre la peur, vers cet Eden inconnu qu'ils n'envisageaient pas de découvrir un jour.
Sur cette plage d'Utah Beach, comme sur Omaha Beach, ils étaient américains. Ils débarquaient du Wisconsin, de l'Iowa, de l'Oregon, de Louisiane, de Californie ou du Nebraska. Qu'importe ; ils étaient là.
Un peu plus à l'est, dans la même galère, des anglais, des australiens, des néo-zélandais, des canadiens, des danois, des norvégiens, que sais-je encore : ils étaient là aussi.
Ils n'avaient qu'une suite d'ambitions : sortir de l'eau, traverser la plage, remonter la falaise, éviter les tirs ennemis et les mines, combattre pour prendre position sur la terre verte de Normandie, se regrouper et repousser définitivement l'ennemi allemand pour libérer cette foutue terre de France du joug de la terreur hitlérienne. Et ils le firent.
Ils réussirent et purent, quelques semaines plus tard entrer triomphalement dans Paris, fiers du devoir accompli au nom de la liberté des peuples et contre l'oppression barbare.
Mais bon nombre y laissèrent la vie, leur famille et leurs amis.
C'est à eux que je pensais en pénétrant dans ce sidérant cimetière américain de Colleville-sur Mer.
10 000 pierres blanches nous rappellent ces hommes qui ne sont jamais rentrés chez eux.
J'imagine aisément ces familles, au fin fond des campagnes américaines, se demandant bien ce qui pouvait justifier la mort d'un des leurs ; si loin de ce qui faisait sa vie de tous les jours ; dans un pays inconnu et pour une cause pas forcément évidente vue de l'autre côté de l'Atlantique.
Il faut écouter, dans le Visitor Center, les témoignages hallucinants des survivants pour s'imaginer quelque peu la violence des évènements.
Il faut remercier encore et encore tous ces êtres humains qui ont mis leurs vies en jeu pour notre liberté.
La France a concédé à perpétuité aux Etats-Unis cette portion de notre territoire comme symbole de gratitude. C'est bien le moins que l'on pouvait faire.
Du haut de cette falaise, 10 000 héros surplombent magistralement et à jamais le théâtre de leurs exploits.
Rest in Peace.

Through these fields of destruction
Baptism of fire
I've watched all your suffering
As the battles raged higher
And though they did hurt me so bad
In the fear and alarm
You did not desert me
My brothers in arms.
There's so many different worlds
So many different suns
And we have just one world
But we live in different ones.
(Brothers in Arms - Dire Straits - 1985)